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EGO Christinegio
15 avril 2016

L'homme des salles obscures. Une réalisation.

Une fin d'après-midi passée à se dire devant un roïbos du hammam, un café tout simple avec sucre ou  un décaféine allongé sans sucre. Des phrases profondes et intimes reviennent. Elles me séparent de l'espace et du moment, pour me confiner dans ma tête. Une dernière bise et je me retrouve seule sous la bannière en carton de l'exposition du Lieu Unique à Nantes.

L'âge d'or du cinéma d'HOLLYWOOD.

Distraite, je déambule. Mon regard se plaque sur les aplats de couleurs sorties du pot, les lettres malhabiles, la matière picturale comme plastifiée. Des reproductions à l'échelle 1 d'anciennes affiches de cinéma. Travail d'un collectif de vieux, d'enfants de l'école du quartier, de malades mentaux de Saint Jacques, de plasticiens farceurs ? Curieuse, je me concentre.

J'arrive devant un groupement d'acteurs en carton presque à l'échelle 1. Toujours ces aplats de couleurs et ces visages lunaires. Dans le silence de ces effigies qui me fixent, d'un coup, je sens qu'elles existent. Qu'il y a quelqu'un derrière tout ça qui les a sorties de films. Je souris.

J'entre dans la salle de projection. Je vois l'affiche du film Sous le soleil de la Provence, j'entends les dialogues d'Ali Baba et les quarante voleurs, avec Fernandel. Sur l'écran de la télé, la grotte filmée est en carton marron. Les têtes des personnages mis devant sont aussi en carton. Une voix avec l'accent provençal lit les dialogues. La même voix qui se modifie un peu pour tous les personnages. Je n'ai qu'un vague souvenir de ce film mais je me rends compte que ce ne sont pas les dialogues originaux. L'affiche non plus, ne doit pas être celle d'origine. Je souris franchement. Là, ça commence à m'intéresser. Abracadabra et la grotte s'ouvre.

Je sors de la salle de projection pour repartir de zéro. Je le vois accolé à une vitrine. Je sais que c'est lui l'éxécuteur, une manière particulière qui n'est ni celle d'un visiteur ni celle d'un employé. Un sourire imperceptible et des yeux mobiles. Un corps compact et statique.  Il me suffit d'approcher : un simple bonjour et il se raconte. Il raconte le cinéma. Lui et le cinéma c'est la même chose. Il est le cinéma, celui de 1930 à 1960. (après ce n'est plus le cinéma). Il est possédé . Ses connaissances encyclopédiques s'énoncent clairement. Les phrases sont régulières et les mots ont l'accent de Viviers, près de Figeac. Ses mains virevoltent comme des moineaux joueurs, surtout la main droite. Celle qui peint, découpe, écrit inlassablement. Depuis qu'il réalise son oeuvre, ses mains ont gagné une joie mais avant qu'il ne soit à la retraite, mille boulots ingrats les ont abîmées et réduites au labeur et aux outils grossiers. Maintenant, elles sont libres.

Aujourd'hui, il s'intéresse plus précisément aux studios de la Victorine à Nice. C'est là qu'a été réalisé le premier  film français en couleur Le mariage de Ramuncho d'André DASSARI. Le dernier film de ces studio a été Atoll K de Léo Joannon avec Suzy Delair et Laurel et Hardy.

Son prochain film sera la vie de la Princesse Grâce de Monaco racontée par Caroline de Monaco. Alors, il s'exerce à prendre une voix féminine. Comme pour les autres films, c'est lui qui fera tout chez lui avec sa caméra numérique.

Guy Brunet, né le 26 octobre 1945 "le même jour mais pas la même année que François Mitterrand", presque dans une salle de cinéma, a crevé l'écran des limitations pour construire le studio de son imaginaire. Le cinéma pour prétexte.

En souvenir de notre jolie rencontre, je reverrai bien La rose pourpre du Caire de Woody Allen. C'est quand même encore un peu du cinéma, Guy !

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Commentaires
C
Son humilité m'a conquise ainsi que son envie de partager sa passion. Notre conversation était libre, amicale et joyeuse. J'ai adoré ce moment toute somme pas banal, dans un lieu unique !<br /> <br /> Je te promet que le Roibos je l'avais bien bu et non pas fumé !<br /> <br /> Des bises pour un dimanche joyeux
L
Un grand homme qui gagne a être connu.<br /> <br /> Tu as eu de la chance de le rencontrer et de rencontrer sa créativité.<br /> <br /> Tu es entré complètement dans le personnage il se peut que le thé rouge 'Rooisbo) y ai contribué un peu.<br /> <br /> Merci de partager ta rencontre avec nous<br /> <br /> Passe un beau dimanche<br /> <br /> Bises<br /> <br /> Mary
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