Penone en attendant Rembrandt et Veermer. Jardins du Rijks - Amsterdam
Avoir deux heures devant soi - rester dehors car l'air est espiègle. Frais et humide juste ce qu'il faut pour faire de beaux cheveux et une peau douce. Entre deux averses. Prolixes mais tièdes. Enfin, au début.
Profiter d'un bac de bois sec et des jeux d'eau de la fontaine. Un jeune père s'assoit sur l'autre banc. Il pose son fils de huit mois, à côté qui suçote un quartier de pomme. L'enfant est stable. Son dos est droit ; il n'utilise pas le dossier du banc. Immédiatement, il est captivé par la fontaine. Distraitement, le papa le prend en photo sous des angles différents, avec son téléphone portable. Puis, il va vers son regard. Il regarde son regard. Il se poste face à son fils qui n'a que d'yeux pour l'eau. Je sais que ce père envie cette immédiateté, cette présence de son fils pour l'eau. Il va vers lui. Il parcourt la distance mais il n'ira pas au bout de son idée. Ce regard est impossible, trop entier, trop neuf. Il ne peut pas et se rassoit résigné, laissant son fils, être joyeusement l'eau.
Enfin, je me tourne vers Penone. Je vois ses arbres. Des variations simples autour de l'arbre sans feuille, de l'arbre mort, devenant sculpture sans effort. Il me dit que l'arbre, même abattu reste majestueux et fort. Il fait quelques gestes de plasticien (ajouter de la peinture blanche ou dorée, disposer des pierres...) mais il sait que l'essentiel était déjà là avant et que ces arbres avaient juste besoin de lui pour qu'on ne les transforme pas en bûches. Il l'a fait pour moi, ce matin.
Derrière les murs de briques, La ronde de nuit et La laitière. L'attente est frémissante.