Le plus joli samedi de septembre. Les vendanges.
C'était une tradition, à la petite propriété de mon oncle, à la Seyne sur Mer, au Camp Laurent, un samedi de soleil, un samedi de vendanges. Tout les raisins étaient coupés en une matinée. Mon oncle René faisait venir quelques copains du chantier où il était façonneur. Il y avait Pipe, Gustave, Roro et Banane. Moi, j'avais école, alors je n'arrivais qu'à midi, à l'heure des agapes. Ces hommes en marcel, qui puaient la transpiration, avec des noms bizarres m'impressionnaient. Ils parlaient fort, disaient des choses incompréhensibles, tout en se tapant sur l'épaule. Je ne les voyais qu'une fois par an. On mangeait sous la tonnelle, sur la table en ciment : il y avait des huîtres, des crudités, de la charcuterie, un lapin ou un poulet en sauce et pour le dessert, je ne m'en souviens plus. Sûrement un gâteau acheté à la boulangerie car ma tante ne faisait pas de pâtisserie. Tout était fête ce jour là. Je me souviens de l'allégresse, du soleil léger, de l'odeur déjà aigre du raisin cueilli.
L'après-midi, ils pressaient le raisin pour le mettre en tonneaux dans la cave. Une fois prêt à consommer, le vin était tiré et mis dans des bouteilles de limonade récupérées de la marque Phenix. C'était une bonne piquette mais c'était du vin naturel...
Mon père, mon oncle, Gustave, Roro, Pipe (peut-être !), ma grand-mère, Mémétou.
Les enfants : Patrick, Chantal, moi qui regarde par-terre,
Au centre mon oncle, à sa droite, mon père.