Lèche-vitrines.
1, rue Franklin à Nantes. Cette vitrine cadenassée et sombre comme un coffre-fort nous attire comme un aimant. Nous adorons coller nos longs nez et nos doigts poisseux sur la vitre qui se trouve entre nous et les joyaux. Ce sont des bijoux anciens, imposants, colorés et fascinants. Nous imaginons des fêtes, des mariages, des ruptures. Des femmes. Exclusivement des femmes et des passions. Ces bijoux attendent d'autres histoires et d'autres femmes. Les premières propriétaires sont mortes, folles, dépressives ou brisées. Un frisson nous parcourt. Pourtant nous sommes joyeuses.
Il y a quelques jours, la porte est grande ouverte, l'invitation nous étonne. En chuchotant, à pas mesurés, soudain timides, nous progressons entre les pierres précieuses à portée d'yeux. Si proches. Aucun accueil ne s'interfère. Au fond, de la boutique, un homme en tee-shirt ne lève pas la tête de son clavier d'ordinateur. Tout est pour nous. Nous nous livrons aux délices de la contemplation sans éblouissement. La lumière est parfaite et rend justice aux transparences, aux rondeurs et aux brillances. Les architectures et les assemblages nous surprennent. Nous trouvons nos préférées.
Etourdies, nous nous en allons.
J'ai dessiné ceux dont je me souvenais, comme une conjuration. Précieux - le plaisir du dessin a fait place au désir.