Stratégies optimales.
Voilà celui que je combats au quotidien. Le criocère du lis. Dès qu'un rayon de soleil arrive sur mes massifs de lis, je guette et sacrifie, non, sans une petite prière, mon ennemi du printemps. Celui qui serait susceptible de détruire les floraisons odorantes et majestueuses du lis.
Il est d'une malice exemplaire.
Sa couleur de vernis à ongle me paraissait une erreur totale. Je me disais : "Il est très repérable, les oiseaux vont m'aider à le supprimer." Pas du tout. Sa couleur dégoûte les prédateurs. C'est un stratagème.
Pour nous, alors. Sa couleur de bijoux nous retient pour l'holocauste. Au début, du moins. Pour l'après, il a aussi une parade stupéfiante. Au moindre mouvement, bruit ou ombre, il se laisse tomber comme une pierre au pied de la plante, sur le dos. Impossible de le récupérer dans les herbes. Il a des capacités que l'être humain n'a pas : une telle chute signifierait pour nous une mort immédiate. Alors, j'évite de projeter mon ombre sur la plante, je tends la main gauche et le saisis de la main droite. Tout un apprentissage.
Si finalement, je réussis à le coincer, il émet un genre de stridulation qui achève de me fendre le coeur. Enfin, maintenant, sachant de quoi il est capable, lui ou ses larves, je l'écrase prestement. Toujours désolée, mais implacable...