Kunstgewerbemuseum - Accumuler et conserver.

2 juin 2016

Kunstgewerbemuseum - Accumuler et conserver.

Les immense volumes cubiques et le silence d'une architecture contemporaine pour des pièces d'art décoratif. Un échantillonnage précieux du savoir-faire humain. Robes, bijoux, tapisseries, meubles. Soie, or, ébène. La sublimation du nécessaire, le quotidien dans toute sa splendeur pour une certaine catégorie sociale. Ici, on prend soin des objets fabriqués pour les riches : Musée des Arts Décoratifs. Pour les objets des pauvres, ce lieu s'appelle plutôt Musée des Arts Populaires. Les pauvres ne décoraient pas volontairement. Ils avaient autre choses à faire. Remarque neutre qui sert simplement à situer les choses. Elle ne se rajoute pas à la liste incommensurable des textes sur la lutte des classes sociales !

Nous plongeons dans la demi-pénombre. Le sol, les murs et le plafond se confondent. Les oeuvres éclairées, elles, se détachent des murs opaques et profonds. Elles bénéficient d'une lumière jaunâtre et voilée. De touristes actifs, nous passons à l'état de somnambules. Au bout de quelques instants, nous flottons dans l'espace. Ce lieu semble un lieu d'internement.

Je sens comme un parfum de folie.

Dans l'obstination que notre monde occidental met à soustraire, au prix fort, les objets, de la déliquescence imperturbable du temps. Débauche d'énergie humaine sûrement irraisonnable. Au détriment du bien-être présent des humains. Ces biens enlevés à la vie et sequestrés dans des vitrines deviennent des idoles, faisant l'objet de soins perfectionnés.

Dans la concentration des gardiens - tout yeux et tout oreilles, sursautant au moindre cliquetis, faux pas, ou geste déplacé. Leur corps contraint à la station debout - comme leur bouche au chuchotis. Ils ont toute ma compassion.

Mon attention et mon plaisir s'envolent : j'ai faim et j'ai soif. Mon estomac émet des gargouillis dans le silence épais. Il est temps de sortir au grand air. Manger...