Le jour de Noël.

30 décembre 2015

Depuis des siècles, après le déjeuner de Noël, alors que les humains attaquent la bûche, les anges prennent des vacances sur la terre dans les lieux déserts. Un de leur endroit préféré est le jardin du Monastère de Cimiez à Nice. L'air s'emplit du zéphyr de leur arrivée. Bruissement. Ils goûtent l'espace, s'ébrouent. Se joindre à eux. Instant de miel.

Soudain, dans une allée lointaine, une voix gutturale. Des sons inarticulés faisant semblant d'être une phrase humaine. Une phrase forte et haute. Comme celle d'une géante venant du plus profond de la terre qui tenterait de raconter une histoire. Les anges farouches se sauvent.

Un couple se rapproche. Un homme droit et absent au bras duquel s'accroche une femme au cheveux blancs. Ratatinée, elle arbore un manteau rouge flambant neuf. La bouche grande ouverte, elle prononce des onomatopées sans s'arrêter. Les sons s'enchaînent avec facilité et assurance. Peut être qu'elle ne s'arrête jamais. Les paroles de toute une vie qu'elle n'a jamais pu prononcer. Des paroles enfouies dans un grand et solide sac. Aujourd'hui, ce sac est troué. Avec énergie, elles s'expansent et prennent vie, ayant en chemin et avec le temps perdu tout sens.

Bientôt, Elle prendra le même chemin que les anges. Toute légère. Le voyage sera délicieux.