3 femmes.
Photo de Johanna Le Mau
Nous voilà devant les bacs à compost détendues et heureuses, dominant la ville.
3 femmes indépendantes, libres. Moi et mes filles.
Je me suis débattue longtemps, en retenant ma respiration. C'était une douleur physique que je transformais en souffrance pour qu'il me reste au moins ça. J'étais en manque de leur énergie, de leurs mouvements, de leurs exigences. Le corps sans ressort et l'esprit qui échafaudait des scénarii sur ce qu'elles faisaient, sur ce que je devais faire pour les aider. Il fallait qu'elles aient besoin de moi. A tout prix. Pourtant, je ne savais rien de ce qu'elles faisaient et elles ne me demandaient plus rien. Si loin et je les maintenais artificiellement, au prix de gros efforts, si près. Chaque instant, je m'agrippais à ce que nous avions été.
J'étais là-bas au lieu d'être ici. Mais, je ne le savais pas.
Un jour, lasse, j'ai décidé d'adopter enfin le réel. Une bulle de chagrin m'a traversée pour se volatiliser dans l'éther. Aujourd'hui, je vois leurs sourires quand elles forgent leur futur avec enthousiasme. Je suis libre d'aller mon chemin. J'entends battre leurs coeurs. Jugements et inquiétudes se sont effacés. Tout est bien. Elles sont grandes maintenant ! Nous avons réussi.