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EGO Christinegio
3 juillet 2015

Montagnes russes.

Il paraît que les Africains pensent que le temps les attend car le temps est toujours là. Il dure, ce sont les évènements qui passent. Bien vivre le présent, le nourrir de ses priorités. Demain s'occupera de lui-même.

Depuis que je suis rentrée, une chose après l'autre. A ma fantaisie. Pas de bousculade. Je papillonne et garde le flou du temps de la vacance. Vaquer au plus urgent, le reste se débrouillera tout seul.

Là où j'étais, j'ai eu froid. J'ai passé 10 jours à copiner avec le vent du Nord, à me dire que le monde n'est pas hostile mais qu'il est simplement vaste, à me persuader qu'ici aussi la mer peut-être ni trop loin, ni trop près. Illusion, en Baie de Somme, rien n'est dompté ni domptable.

Secouée, perdue parfois lâchée, je ne comprends rien mais j'intègre. Mystère. Le sublime se teinte de souffrance.

Je marche. Vouloir aller le plus loin possible, aussi loin que le regard. Garder des forces pour revenir. La dune, le sable mouillé et compact, l'eau froide. Les chevilles s'assouplissent, les jambes s'habituent. Lorsque le vent forcit, le sable s'envole et pique les yeux. Méfiance, la marée monte très vite. Fluidité et rapidité de reptile.

Il n'y a de repos qu'à l'intérieur.

Les phoques jouent dans les vagues et restent au loin. Ils observent et se moquent. Eux sont libres. Bancs de sable pour banquise. Les chiens sur le rivage sont en arrêt. Ils échangent des regards intéressés.

Quelques humains. Des ramasseurs de plantes. Salicornes, oreilles de cochon, d'aster, de pompons. Ils partent sur la dune avec des squelettes de vélos rouillés qui les aideront à rapporter les lourdes herbes. Ils travailleront pendant 2 heures. Ils râlent car nous envahissons leur territoire adoré et la demande des plantes marines explose. C'est la loi du marché, la loi de l'offre et de la demande. Ils étaient alors, si tranquilles. Le changement est inscrit. On ne sait jamais combien de temps dure les choses. Il faut s'y faire.

J'ai tout goûté et même abusé de la salicorne si croquante et si salée. Tellement qu'il m'est venu des poches sous les yeux et la langue cartonneuse.

Sur le chemin du retour, il tombait des trombes d'eau sur Etretat.

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