Mes pieds dans mes bottes.
C'était jeudi. Il me restait des bois de taille à déchiqueter. Avec mes mains, je casse les petites branches en petits morceaux.
"Dans un jardin naturel, rien ne rentre et rien ne sort". J'utilise les branchages taillés pour :
- faire des tuteurs
- faire du petit bois pour l'insert
- faire du paillis avec les tous petits morceaux et les feuilles.
Le jardinage est, pour moi, un prétexte à récupérer l'énergie du ciel et de la terre. Pleine conscience. Conscience de mes gestes, mouvements et respirations. 4 pour l'inspiration, 6 pour l'expiration et 2 poumons vides. Le mental s'ébat à côté de moi. Il est libre et moi aussi.
Les pieds bien ancrés au sol, je me penche lentement en ressentant le plaisir et la détente dans mon bassin et mes jambes. Je décrispe les genoux. Totale présence. Je vois, je ressens, j'entends.
Soudain, je réalise que la température est idéale, que je n'ai ni faim, ni soif, je ne suis pas fatiguée, je n'ai pas envie de faire pipi, que mes vêtements ne me grattent pas. Mon corps est fluide et léger, presque immatériel. Instant parfait. Et ça dure. C'est tellement spécial que je me demande si je ne suis pas morte : je pense au bouquin de Patricia Darré Un souffle vers l'éternité, dans lequel elle raconte que certaines âmes très ancrées dans le faire ne se rendent pas compte qu'elles sont mortes et qu'elles continuent à aller, par exemple au travail, ou faire ce qu'elles ont à faire ! C'est ce dont je me souviens, peut être que ce n'est pas exactement ce qu'elle écrit. Mais cette idée m'a fait rire, rire. Un rire qui a secoué tout mon corps. Mon mental en a profité pour reprendre son importance et la question qui tue (vraiment) s'est imposée : "qu'est ce que je vais faire à manger ?" et bing, ça repart. Mais, j'ai eu mon instant flottant entre ciel et terre. Voyage à nul autre pareil grâce à quelques branchages... Arrivederci !